Les grands acteurs de l’horlogerie proposent généralement des rééditions de modèles qui ont contribué à leur renommée. Si nous avions le pouvoir de ramener à la vie Breguet, Audemars, Vacheron, Piguet, Constantin, Wilsdorf et qu’ils voyaient ce qui se fait dans leurs maisons, pensez-vous qu’ils en seraient heureux ?
Toutes ces grandes marques sont reconnaissables par leur style ? Mais est-ce que leurs nouveaux modèles viennent faire honneur à leurs créateurs en concentrant en leur sein l’âme de leur maître ? Que feraient ces hommes aujourd’hui ? À cette question je n’ai de réponse, mais je vous partage mon interrogation. Le 20e siècle a été le temps des grandes premières. Qu’en est-il du 21e siècle ?
Maintenant que je vous ai partagé ce début de réflexion et mes nombreuses interrogations, je vous invite à me partager votre avis et qui sait, nous la ferons surement avancer !
7 réponses
Bravo Baudouin, pour ce site qui permet d’avoir une actualité horlogère variée et intéressante pour le néophyte que je suis.
Bonne année 2021 avec de nombreux et réguliers visiteurs.
Emmanuel
Bravo Alix ! Je suis bluffé par le site, son contenu et sa forme.
Bonne année.
Xavier
Bonsoir,
J’ai lu vos remarques que je trouve intéressantes. Je ne suis plus chez LVMH mais je reste fier du travail accompli et passionné par tout ce qui reste à faire.
L’horlogerie est un monde bien curieux qui triangule le design, la marque et le contenu fonctionnel. Un tel polygone représente un immense champ des possibles, pour ne pas dire infini. Il me semble que chacun y trouve son compte et qu’il n’y a pas un propos qui s’impose mais uniquement des directions d’exploration…
Sur tous les forums horlogers, ou même les articles de presse, la technique est souvent largement mise de côté…
Toutes les marques reproduisent, inlassablement, avec plus ou moins de bonheur des complications déjà existantes. Peu se risquent au contrôle des organismes officiels… encore moins osent expliquer l’origine des 40% d’incertitude du fameux Swiss Made ! Iriez-vous diner chez un trois macarons Michelin, avec 40% de vos plats sans origine connue, sans contrôle sanitaire et en copiant le plat des autres restaurants du même niveau, à la décoration près ? L’horlogerie européenne fait cela… sans jugement !
La physique et les mathématiques récentes autorisent de nouvelles approches de la mécanique, dont l’horlogerie fait partie. Nous avons un champ énorme pour créer, inventer, imaginer, développer, fabriquer et assembler de nouvelles montres mécaniques. Pour ma modeste part, je vais me concentrer sur le dosage subtile entre techniciens, scientifiques et horlogers… Croyez-moi, le 21ème siècle va faire son job et faire comme le précédent, placer le précédent dans l’histoire académique et la suite va se créer toute seule… par les professionnels et les personnes de talent qui font cette industrie.
Merci de votre intérêt pour cette industrie qui fait vivre tant de familles. Guy Sémon
Cher Monsieur,
Je ne suis pas d’accord avec vous au sujet du mécanisme, certes il ne vous intéresse pas et c’est votre droit, mais cela ne vous permet pas d’écrire qu’il n’y plus de réelles innovations.
Je peux vous citer au moins deux innovations majeurs l’oscillateur du département de recherche en horlogerie de LVMH dirigé par le Français M. Guy SEMON qui a révolutionné le balancier doté d’un spiral en les remplaçant par un oscillateur à lame flexible commercialisé sous la marque Zenith (Defy Lab, Defy Inventor). Avant il y a eu le balancier que la maison Breguet a fait pivoter sur dans champs magnétiques au lieu de pivot en rubis, une invention de cet autre Français M. Sylvain MARECHAL. Et comme le mentionnait à juste titre Mikaël ROGER dans son commentaire, il existe aussi l’échappement constant inventé par M. Nicolas DEHON pour Rolex mais commercialisé par Girard Perregaux.
D’une moindre importance (moins révolutionnaire) vous avez aussi l’échappement excentrique du français Cyril Brivet-Naudot commercialisé dans son modèle L’Eccentricity.
Moi qui consulte régulièrement les brevets parus, je peux vous dire qu’il a et qu’il a y eu ne nombreuses inventions dans les domaines des complications ces vingt dernières années. Notamment dans mon domaine des phases de lune et des quantièmes (grande date, quantième annuel et perpétuel) 2001 grande date QA de GABATHULER et JACOT pour ROLEX, 2006 QP d’Andreas STREHLER pour Moser, 2015 QP de Stephen Mc Donnell pour MB&F, 2015 QA de CARRENO et VERNAY pour Rolex.
Cependant, je rejoins votre analyse sur la plus grande créativité des petites marques ou des marques indépendantes par rapport aux grandes marques qui dépendent de grands groupes, gérés plus par des technocrates que par des amoureux de l’horlogerie.
Après, il faut se méfier des premières réactions des clients face aux nouveautés. La royal Oak et la Nautilus n’ont pas connu de grand succès avant plusieurs années. Il faudra attendre pour savoir qu’elle sera la réelle place que tiendra la dernière montre sportive de Bell & Ross, ou de H, Moser & Cie, ou la montre collection classique Code 11.59 d’Audemars Piguet.
Personnellement, je préfère les montres de Kari Voutilainen, de François Paul Journe, la Upside Down de Ballouard, la Trilobe de Gautier Massonneau, l’Axiom de Phenomen, la Joker de Konstantin Chaykin, la SNGLRTY de Swiss-Reimagined, la série V de SevenFriday, la Freak Vision d’Ulysse Nardin, la Track 1 de Singer, les montres des marques Ressence, Behrens, SGNLRY, Muses, Itay Noy, Garrick Watches, Reservoir, Sartory Billard, etc.
Cher Monsieur,
Tout d’abord je voulais vous remercier d’avoir pris le temps de nous écrire ce commentaire. Mais aussi vous féliciter pour sa qualité. Il va permettre aux futurs lecteurs de se faire une idée générale des différents points de vue et se forger leur propre opinion.
Je suis très heureux de partager le même avis concernant la créativité des marques indépendantes. Et je vous invite à aller écouter les podcasts qu’on a pu faire avec ces différents acteurs.
Cher monsieur,
Je vous remercie pour cette réflexion intéressante.
Permettez-moi, cependant de vous apporter la contradiction afin qu’elle évolue où se fortifie.
Vous dites que la montre n’est pas nécessaire, je vous l’accorde mais le smartphone est-il nécessaire ? Ne peut-on pas choisir d’utiliser un fixe, d’acheter un GPS ou de lire une carte et de consulter internet sur un PC ?
Le choix de porter une montre peut-être motiver par le fait qu’il est plus simple de connaître l’heure par un simple mouvement du poignet plutôt quand sortant son smartphone de sa poche ou bien de ne pas avoir à changer sa pile de montre quand celle-ci nous lache au milieu de la journée.
Au fond peu de choses nous sont indispensables à la vie, mais nous faisons des choix qui nous la simplifie. Les possibilités sont multiples.
Il faut bien l’avouer, le mouvement mécanique est le moins précis, mais l’horlogerie ne peut-elle être aussi considérée comme un art mécanique qui tend à perfectionner au maximum son domaine propre : la mécanique ?
La montre est un accessoire de mode, une montre peut aussi être une œuvre d’art que l’on a la chance d’emporter partout avec soi.
« Nani gigantum humérus insidentes », nous sommes des nains juchés sur des épaules de géants. Voilà pourquoi dans toutes nos créations humaines nous trouvons la marque de ceux qui nous ont précédé.
Dire qu’il n’y a plus d’innovations me paraît exagéré, elles sont moins nombreuses et moins révolutionnaire et c’est bien normal, car plus on progresse plus on se rapproche des limites de la technique.
Cependant l’innovation existe toujours, j’en veux pour preuve l’échappement constant de Girard Perregaux.
La montre mécanique a toujours sont utilité matériel mais plus encore, étant un objet où la technique côtoie l’art, elle touche aussi la plus belle partie de notre être : l’âme, qu’elle émerveille par sa beauté miniature. Sommes-nous seulement un corps qui utilise la matière pour ses besoins ou n’avons nous pas également une âme que le beau nourrit ?
Cher Mikaël,
Je vous remercie d’apporter votre point de vue sur ce sujet.
Mon objectif avec cet article était d’apporter une réflexion sur l’horlogerie et en susciter une à ceux qui me lisent.
Au vu de votre commentaire, je pense que je l’ai atteint et le choix d’un vocabulaire que vous qualifiez d’exagéré s’insère dans cette optique de réflexion.
Concernant l’échappement développé par Girard Perregaux que vous citez, ce n’est pour moi pas une innovation mais simplement une avancée technique. L’usage de la montre n’en est pas pour autant amélioré ni modifié. Cependant, cette remarque est tout à fais personnelle et je concède que vous ne la partagiez pas.
Par contre, je suis d’accord avec vous sur la qualité d’émerveillement que la montre nous procure !