Ce qui a façonné Furlan Marri

« Gamin, je faisais partie des jeunes qui, toute la journée, jouait à des jeux de construction. J’étais sur les Lego et les Mécanos. Je passais des week-end entier à inventer des trucs. »

Voici une bride de la conversation que nous avons eu avec Dominique Renaud.

L’idée de comprendre la marque Furlan Marri nous a poussé à nous interroger sur ce qui a façonné Andrea. Et, dans cette démarche, nous sommes allés à la rencontre de Dominique, un élément important tant à nos yeux qu’à ceux d’Andrea.

En comprenant qui est Dominique et ce qu’il a transmis à Andrea, nous serons plus à même de percevoir ce que Furlan Marri prépare pour la suite.

Le bassin familial, là où tout a commencé

Lorsque nous avons demandé à Dominique de nous faire un tour d’horizon de son expérience professionnelle pour comprendre l’ampleur de ses travaux, il nous a naturellement raconté l’histoire de ses parents.

Dominique Renaud
Dominique Renaud

Tel Obélix, il est tombé dans l’horlogerie étant petit puisqu’il est le fruit d’une rencontre entre une régleuse et un horloger de chez Vacheron Constantin. Nommé au Centre Technique de l’Industrie Horlogère à Besançon au poste de chef de la normalisation française au niveau horlogerie, le couple quitte la Suisse pour s’installer en France, et c’est là que Dominique voit le jour.

A ce poste, son père, qui représente la France, détermine, avec les grandes nations horlogères de l’époque et ce de façon commune, toutes les règles et les standards appliqués à toute chose technique. Ce travail se fait en commun afin d’en faciliter les échanges. Cela demande donc une vaste connaissance de ce qui se fait déjà, mais aussi une capacité à apercevoir comment ces mêmes choses pourraient être améliorées. Ce simple poste démontre à lui seul le niveau technique de son père.

Et c’est justement ce niveau de technicité qui nous permettra plus tard de comprendre le point de vue de Dominique sur l’horlogerie.

Des études à ses débuts

Comme prédestiné, c’est tout naturellement qu’il a intégré l’école d’horlogerie de Besançon. Avec des parents travaillant dans l’horlogerie et habitant avenue de l’Observatoire, ça ne pouvait se passer autrement.

Son diplôme en poche à 16 ans, Dominique trouva un premier travail chez « Maty » qui à l’époque fabriquait elle-même ses montres. Il y était ainsi décoteur, c’est à lui qu’on envoyait les mouvements qui avaient un problème de fonctionnement. Ce travail en série lui a permis d’affiner son regard et son toucher. A force d’habitudes, il sentait instinctivement d’où venait la panne.

Fort de cette expérience, il est embauché durant deux ans dans un atelier de SAV où il touche à tous les calibres de montres. Puis ensuite, il décroche un job de formateur dans un groupement interprofessionnel de formation pour adulte. Ça allait de soi n’est-ce pas ?  Et pourtant, il n’avait que 19 ans, il s’est retrouvé être le plus jeune, on lui avait donné ce poste car, s’il n’a qu’une courte expérience professionnelle, elle demeurait déjà intense. Et de plus, il avait été plongé dans le monde technique de l’horlogerie depuis son enfance. Pour former, il n’utilise pas que son début d’expérience, mais surtout cette matière innée en lui. C’est à ce moment-là que l’on voit ce que ses parents lui ont transmis.

Dominique accentue sa passion pour l’horlogerie qui devient un terrain de jeux dans lequel il souhaiterait exprimer toute sa créativité et inventivité. Mais avant ça, c’est direction Audemars Piguet.

Fin 1979, il s’occupe du découpage des mouvements squelettes, avec anglages, polissage et terminaisons main, chez Audemars Piguet. Poste qu’il occupera pendant 3 ans avant d’être placé sur les calendriers perpétuels.

Il y rencontre Giulio Papi dans le même atelier également, et très rapidement c’est une amitié qui se forge autour de leur volonté commune de créer des complications. Qu’ils soient au travail où en dehors, les challenges techniques et l’innovation occupent leurs conversations.

D.Renaud et G.Papi devant RPSA au Locle
Dominique Renaud et Giulio Papi au Locle

« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait » résume parfaitement bien ce qu’ils ont réalisé à ce moment en créant Renaud & Papi. L’ensemble de la profession considérait que la création de complications n’était réservée qu’aux manufactures. Ces jeunes hommes devaient très certainement rêver.

Renaud & Papi était donc la première étape pour l’expression de la créativité de Dominique. Travaillant au service des marques, chaque nouvelle journée était une opportunité pour créer toujours plus et innover toujours plus. En plus d’avoir été une opportunité d’expression pour Dominique, Renaud & Papi a bercé et forgé une bonne partie des acteurs important de l’industrie horlogère indépendante. Par exemple, messieurs Greubel et Forsey ainsi que les frères Gronfeld. Mais la liste est encore longue. On peut se demander ce que serait l’horlogerie indépendante qu’on connaît aujourd’hui sans Renaud & Papi.

D.Renaud et R.Greubel
Dominique Renaud et Robert Greubel

L’envol et la rencontre avec Andrea

Les aléas de la vie faisant, il quitte Renaud & Papi et après une période de retrait, il décide de créer en 2013 – 2014 Dominique Renaud SA.

Sa marque, son terrain de jeu : que l’aventure commence !

Les étoiles se sont alignées et la rencontre s’est faite. En cherchant des locaux, un ami lui parle d’Andrea. Jeune passionné en Bachelor, son enthousiasme et sa créativité devaient lui plaire.

« On voyait vraiment qu’il était passionné. Il connaissait tout : les marques, les fabricants, ce qui se faisait (…). Il semblait impressionné mais passionné et donc c’est pour ça qu’il m’a plu. » Avec cette rencontre, Dominique décide de prendre Andrea en stage pour l’aider dans son projet de Bachelor. C’est dans cet état d’esprit d’entraide que leur amitié est née.

Andrea Furlan, Guilio Papi et Dominique Renaud
Giulio Papi, Andrea Furlan et Dominique Renaud

Avec son Bachelor en poche, Andrea a ainsi continué son aventure horlogère aux côtés de Dominique. Pendant 4 ans, il ne sera pas seulement designer car, placé entre Dominique et l’ingénieur, Andrea entend toutes les conversations techniques.

Travaillant alors sur sa DR01, Dominique vient trancher avec tout ce qui se faisait. L’horlogerie est le terrain de jeux sur lequel son intérêt pour la science-fiction peut s’exprimer. Tel un explorateur, il crée de nouveaux composants qu’il faut nommer et designer. C’est donc dans cette ambiance d’exploration quotidienne qu’Andrea a été baigné.

Le savoir-faire horloger classique est mis à contribution pour une plus grande cause : découvrir l’inconnu. On ne peut rester indemne lorsqu’on est en contact avec de tels projets ou personnes.

DR01
DR01 de Dominique Renaud

En ayant ça en tête, on ne peut que se dire que le méca-quartz n’était qu’une première étape. Un premier pas pour entamer une plus grande aventure, un premier pas pour réaliser une vision.

Tel un Christophe Colomb, Andrea a obtenu les moyens de la couronne d’Espagne pour découvrir une nouvelle route vers les Indes sur laquelle il découvrira peut-être « les Amériques ». Le temps nous le dira.

J’espère que cet article t’as permis de découvrir encore un peu plus ce qui a façonné Andrea, et j’espère avoir attisé ta curiosité…

Alors, embarques-tu avec nous dans la « découverte des Amériques » ?